Des lèvres de feu, presque prédatrices, se mirent à fouiller son cou. Conquérante, l’une des mains glissa sur son ventre tandis que l’autre se fraya un chemin
entre ses seins jusqu’à sa gorge, que des doigts redevenus délicats caressèrent avec application, comme pour en éprouver la douceur. Forts sans cesser d’être tendres, les baisers de la femme
s’enhardissaient au contact de la nuque de la jeune femme qui se cambra sous le touché pressant et expert. Prise par surprise par cet assaut brutal, elle retrouva néanmoins ses esprits et retira
vivement les mains qui s'étaient glissées sous son tee-shirt, se tournant difficilement vers une Agathe méconnaissable, un être possédé et vibrant d'un désir animal.
- Agathe, non !
Sourde à ses protestations, cette dernière l’enlaçait fiévreusement, la poussant vers le lit. Estelle y tomba à la renverse avec un petit cri de surprise,
prisonnière du corps féminin qui se laissait tomber sur elle. Agathe lui prit aussitôt les mains pou les retenir bloquée, la clouant sous elle, tandis que Estelle se retrouvait impuissante, trop
occupée à pousser des gémissements affolés lorsqu'une langue insistante force la barrière de ses dents pour s'emparer de sa bouche. Haletante, le feu aux joues, elle y échappa en détournant la
tête. Mais Agathe n'était pas femme à se décourager si facilement, surtout lorsqu'elle était possédée par un désir impétueux, livrée à ses instincts les plus sauvages. Estelle ne faisait
pas le poids, si délicate et vulnérable, une proie trop facile.
De façon aussi inconsciente que brutale, Agathe se saisit soudain à pleine main des seins de la jeune femme qu'elle voulait pervertir, passant des doigts furieux
sous le tee-shirt, plaquant ses paumes impatientes pour pétrir cette chaire sculptée et ferme et dont la douceur incomparable était promesse d’interdit. Affolée, Estelle essayait de lui bloquer
le poignet d'une mains tandis que de l'autre elle s'accrochait à ses habits comme si sa vie en dépendait.
Mais Agathe n'était plus femme à se laisser raisonner. Elle en rêvait depuis de longs jours de cet instant, fantasmant à s'en faire mal. Elle s'était faite toute
une histoire magique de cette nuit là où elle initierait enfin la délicieuse Estelle aux plaisirs de Lesbos, attendant avec impatience le moment propice, trépignante de joie et d’excitation comme
une enfant la veille de Noël qui va pouvoir enfin assouvir toutes ses envies. Et personne n'allait lui gâcher son plaisir. Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. Et cette jeune femme n'était
pas une proie innocente dont elle allait lâchement abuser, mais une femme qui se jouait d'elle depuis plusieurs jours déjà, l'aguichant avec ses petits airs de sainte-nitouche. L'heure aux choses
sérieuses avait sonné. Aussi restait-elle indifférente aux suppliques de la jeune femme qui voulait la repousser.
- Agathe, pitié, tout va trop vite ! je n'ai jamais fait ça avec une femme !
- Je sais, mais tu en meures d'envie, je le sais, je le sens, et tu savais à quoi t'attendre en acceptant mon invitation. Bon sang, Estelle, laisse-toi aller, ne
lutte pas contre tes envies !
Elle lui soufflait son désir dans le cou, le menton, les joues, parcourant chaque parcelle de peau d'une langue avide alors que Estelle frôlait le torticolis pour
échapper à ses baisers.
N'en pouvant plus, haletante, Agathe la fit asseoir et se débattit un moment avec elle pour réussir tant bien que mal à lui passer le tee-shirt au dessus de la
tête. Estelle protesta de petits cris de souris effrayée, n'arrivant plus à faire la part des choses, entre comédie ou vérité, faire semblant d'être paniquée ou réalisant vraiment l'ampleur de la
situation et dans quel piège elle s'était jetée aveuglement.
Avec la certitude qu'il était trop tard pour faire marche-arrière. N'était-ce pas sa mission de finir dans le lit de cette femme ? Comme frappée de plein fouet par
cette implacable vérité, elle cessa un instant de se débattre. Encouragée par cet abandon , Agathe poursuivit ses attaques.
Quittant la gorge nue, sa main redescendit, énerva les seins, les laissant se gonfler et se durcir sous ses agacements, prenant un soin tout particulier à en
épargner les pointes qui se dardèrent comme pour montrer leur irritation. Avec un tel art consommé que Estelle se sentit perdre le contrôle, réalisant avec effroi que ses sens enfiévrés
échappaient à toute volonté, comme avec Christelle, comme avec chaque femme qui la caressait. Elle se crispa en respirant de plus en plus vite. Vite, consciente de son trouble, Agathe lui
maintint le visage entre ses deux mains et l’obligea à lui faire face. Là, elle pouvait enfin chercher les lèvres contre lesquelles elle pressa sa langue, cherchant à se faufiler à l’intérieur de
la bouche. Estelle respirait si fort, lèvres serrées, qu’elle était au bord de l’asphyxie, et elle ouvrit brusquement sa bouche pour chercher un peu d’air. Agathe saisit l’opportunité pour
entamer une rapide intrusion, et leurs langues se trouvèrent aussitôt, entamant une folle course poursuite, celle de Estelle fuyant le contact alors que Agathe provoquait au contraire le duel, la
butinant et la relançant, se lovant comme un petit serpent sournois et habile. Jusqu'au moment où Estelle finit par s'y abandonner, goûtant aussi à ce baiser enivrant avec un petit soupir
éperdu.
Sans cesser son baiser ardent, les bras de Agathe venaient à nouveau de ceinturer sa taille, frottant avec délice le bas de son dos, remontant le long de sa
colonne vertébrale d’une main, en éprouvant toutes les sinuosités de la pointe de ses doigts, s’aventurant jusqu’à la racine de la nuque, déclenchant ainsi le départ de milliers de fourmis
invisibles le long de son épiderme, avant de redescendre, palper avec bonheur des omoplates trop longtemps délaissées. Délicatement possessive, l' autre main s’était insinuée sur le dessus du
string, savourant du touché la rondeur des courbes qui naissaient sous ses doigts, tout en dessinant de petits cercles de la pointe de son pouce, à la base exacte du dos, juste à la naissance des
fesses. Avant de glisser sournoisement devant, atteignant le nombril, caressant une première fois le ventre nu, courant avec une lenteur calculée le long de l’élastique du string, l’autre main
finit par se glisser imperceptiblement sous celui-ci, parcourût la fine toison qu’elle rencontra puis, suivant les inflexions qui s’offraient à elle, s’insinua dans un renfoncement… Estelle
poussa un cri.
Elle bloqua vite sa progression en lui maintenant les mains.
- Non, Agathe, pas ça ! supplia t-elle.
Celle-ci obéit. Provisoirement. Estelle la ramena vers elle, pour l'éloigner de son sexe, cherchant à gagner du temps, lui jetant un regard craintif et suppliant,
presque pathétique, comme une femme qui se sait perdue mais prie encore après un miracle.
http://www.divineinnocente.onlc.fr/80-Une-proie-innocente.html
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